AFBH-Éditions de Beaugies 
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Songe à ne pas oublier XVI (été 2022)

L’INEXPRIMÉ

J’aurais voulu te dire, et tu n’écoutais pas

Moi je t’aimais toujours… mais toi, percevais-tu

L’ombre, dans mon silence, d’une plainte étouffée ?

J’en avais tant à dire, entre nous, ce soir-là,

J’allais tout te confier, en retenant mes larmes

De sourdre de mon cœur pour fondre sur tes mains

J’aurais voulu te dire de n’oublier jamais

Le Paradis que fut notre amour partagé

J’aurais voulu te dire, mais le souhaitais-tu ?

Comment s’est délité au fil du temps qui tue

Le passé lumineux de notre communion

Comment la vie qui va, sans prév’nir ceux qui s’aiment

Exile l’un de l’autre des cœurs qui se disaient unis

Comment les vents de sable dans le désert du monde

En effaçant nos pas, nous ont masqué la voie

De l’oasis secrète où renaît l’Amour Source

Ô mon amour, mon âme sœur, ô ma tendresse

Laisse-moi te redire, en parlant toi et moi,

Les mots de la promesse qui tissaient notre joie

Laisse-moi te crier qu’il faut nous deux recommencer

Qu’il n’est aucun bonheur à jamais révolu

Que nous pouvons changer le monde et recréer la vie

Sans céder au vertige qui fait dire jamais plus

Qu’il n’est pas d’âme, seule au monde, inconsolée

Qui ne puisse être en toi, par toi, infiniment comblée !

J’aurais voulu te dire… de te ressouvenir

Tu te serais rapp’lée à nous, toi qui ne me regardes plus

Mes mots de chaque soir se perdent dans ta nuit,

Je m’adresse à une ombre, soudain dev’nue sans voix pour moi

Pourquoi ne veux-tu plus savoir ce que je vis ?

Hélas, Amie, ma chère, les temps s’envolent, il se fait tard

Je vois déjà sur leur départ

Nos années qui se pressent et trop tôt nous emportent

Nos mémoires sans trace des bonheurs disparus

Entends-tu sonner l’heure, l’Heure des Amours mortes ?!

Hélas, mon Dieu, hélas ! ai-je vraiment vécu

Ce que je crois avoir perdu ?

Ô tout ce que je t’eusse dit, si longuement mûri pour toi !

Tu aurais retrouvé le désir de m’entendre…

                                …Et je ne suis plus là.

Le Songeur  (9-06-2022)


(Songe à ne pas oublier suivant (XVII) : « LE PARADIS DES MOTS PERDUS » )

(Jeudi du Songeur précédent (301) : « NATURE ET SURNATURE : CE QUE NOUS DIT PASCAL… » )