AFBH-Éditions de Beaugies 
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Le Dictionnaire portatif du bachelier (Hatier 2008)

      Le dictionnaire portatif du bachelier


Avant propos

Cet ouvrage répond à un triple objectif :

● Définir les mots indispensables qu’un lycéen est censé posséder lorsqu’il est confronté aux épreuves du baccalauréat. Il s’agit, le plus souvent, de termes abstraits qu’on assimile de la Seconde à la Terminale, comme aphorisme, exorciser, macrocosme, paroxysme, transgresser, et qui figurent dans les textes que les candidats doivent expliquer ou simplement comprendre. Leur nombre est d’environ 2000. Nous les avons regroupés ici.

● Faire comprendre en profondeur un certain nombre de mots-concepts qu’une simple définition ne peut suffire à expliquer. Ils s’agit de termes appartenant aux sciences humaines, à la philosophie ou à la religion, à la critique littéraire ou artistique, comme aliénation, idéologie, dogmatisme, métaphore, métonymie, surmoi, stoïcisme, utopie… À ces mots, plus de 300, nous consacrons un plus large développement, en mettant en valeur les questions ou problématiques qui leur sont liées.

● Faire connaître plus de 200 locutions classiques ou modernes (boîte de Pandore, coup de Jarnac, éminence grise, opium du peuple, devoir d’ingérence, cinquième colonne), qui sont autant de références présentes dans le discours médiatique, et qu’un bachelier ne peut se permettre d’ignorer, notamment si la pour-suite de ses études passe par des épreuves de culture générale.

Les étymologies étant souvent éclairantes, j’ai cru bon d’ajouter à cet ensemble les principales racines gréco-latines, lesquelles permettent à l’étudiant de mieux saisir environ 600 mots du vocabulaire général ou scientifique (par exemple autobiographie, psychosomatique, synchrone ou toponymie).

Ainsi conçu, ce dictionnaire – qui se veut portatif comme le fut celui de Voltaire – devrait faciliter le travail de l’étudiant aussi bien en cours qu’à la maison ou en bibliothèque.

Il me reste, pour finir, à exprimer ici toute ma reconnaissance à mon ami Jacques Pignault, dont l’attention patiente, informée, décisive, m’a permis de mener à bien la réalisation de cet outil de culture, au service de tous ceux qui désirent apprendre.

B. H.

Le mot AMOUR: comment le définir ?

AMOUR. n. m. (longtemps féminin, cf. certains pluriels comme les amours enfantines).

1/ Sentiment amoureux, empreint de tendres rêveries ; vive attirance envers une personne que l’on voudrait toute à soi ; désir intense de ne faire qu’un avec l’objet aimé (à quelque niveau que ce soit : physique, affectif, moral, spirituel).

2/ Mais aussi, profonde volonté de bien, qui peut aller jusqu’au sacrifice de soi, à l’égard d’un seul être (l’enfant qu’on protège, l’ami auquel on se dévoue, l’aimé(e) dont on veut le bonheur, le frère humain qui suscite la compassion), à l’égard d’une collectivité plus ou moins large (la famille, la cité, la patrie), à l’égard de l’Humanité (humanisme, philanthropie), ou d’un Être suprême (amour de Dieu, ou du prochain au nom de Dieu).


Ces définitions de l’amour, intentionnellement limitées, (n’emploie-t-on pas le mot à propos de tout ce qui plaît : choses, animaux, pratiques, spectacles, etc.) nous révèlent la complexité de la notion. Dire « je t’aime » peut aussi bien traduire le plus égoïste désir de possession qu’exprimer le plus sublime dévouement, et parfois même, dans l’amour-passion, les deux à la fois. Qu’est-ce donc, aimer ?

Le seul amour humain pose une foule de questions, que l’on considère ses degrés, sa nature ou son « mystère ».

- Ses degrés : affection, tendresse ? attirance physique, charme ineffable ? affinités profondes entre âmes soeurs ? rêve d’idylle éternelle, tendre bonheur que l’on construit, ou passion fatale et destructrice ?

- Sa nature : désir captatif, oblatif ? quête de l’amour pour l’amour, depuis les intermittences du cœur jusqu’aux curiosités de l’érotisme ? désir du bien de l’autre ? volonté de s’aimer l’un l’autre pour mieux aimer ensemble ? amour charnel, spirituel ? amour platonique, « épuré du commerce des sens » ? simple émanation de la « libido » freudienne : objet aimé, fantasmes et sexualité ?

- Son mystère : que signifie je t’aime ? Qu’aime-t-on en l’autre : sa présence, son être, son devenir ? D’où naît le vertige de la passion ? Et cet autre vertige qu’est la compassion devant la détresse d’autrui ? Comment peuvent se joindre ces deux mystères que sont deux personnes ? L’amour serait-il plus métaphysique que physique ?


Du point de vue littéraire, l’amour est, avec la mort (et contre elle), la plus féconde des sources d’inspiration. La fascination qu’exerce la beauté, l’idéalisation de la femme, l’illumination de la rencontre, les ravages de la passion comme les élans de la ferveur amoureuse, ont été des thèmes récurrents de la poésie, du roman, du théâtre, en Occident. La littérature chante toute la gamme des états amoureux, de leur éclosion à leurs déchirures, à l’aide de champs lexicaux ou de métaphores caractéristiques (émois, troubles, transports, feux, flamme, charme, délices, blessure, plaie, langueur, mélancolie, jalousie, serments, trahison, inconstance, absence, solitude, etc.).

Voir les mots Affection, Agapes, Charité, Charme, Charnel, Compassion, Courtois, Cristallisation, Empathie, Éros, Fétichisme, Langueur, Libido, Objet (sens 3 et 4), Narcissisme, Passion, Platonique, Sublimation.